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axe coordonné par Élise Untermaier-Kerléo (IEA) et Jérôme Couillerot (CDC)
Cet axe entend s’intéresser au processus d’adoption de la décision publique, qu’elle soit constitutionnelle, législative, administrative ou juridictionnelle ; qu’elle prenne l’enveloppe formelle d’un acte unilatéral, d’un contrat ou de tout autre support, qu’elle ait une portée générale ou particulière. Au moins trois phénomènes contemporains affectent le processus décisionnel.
D’un point de vue organique, la décision publique apparaît de plus en plus comme le fruit d’un processus atomisé entre plusieurs acteurs agissant dans un cadre étatique, infra-étatique ou supra-étatique, institutionnalisés ou non (représentants d’intérêts, cabinets de conseil, agences, etc.). Cette atomisation peut générer une forme de contournement ou de captation, par certains, de la prise de décision publique, celle-ci s’écartant tout à la fois de la représentation nationale et de l’habilitation légale, surtout quand elle est confiée à des acteurs privés (externalisation de l’écriture de la loi). À rebours de ce premier constat et, peut-être, pour mieux le compenser, la participation croissante du public à son élaboration constitue un autre marqueur palpable, la recherche de la co-construction de la décision par les citoyens-administrés apparaissant comme le gage contemporain de son acceptabilité.
Cet enchevêtrement des acteurs génère mécaniquement des mutations procédurales. Il en va de celles ayant trait à la démocratie participative (enquêtes publiques, débats publics, crowdsourcing…), qui se développent, de manière sectorielle, dans la sphère du droit de l’environnement ou au niveau local (budget « participatif »…) et dans le champ du droit administratif général. Outre les questionnements sur l’efficacité de ces procédés, l’horizontalisation des relations qu’ils présupposent n’altère pas nécessairement le caractère unilatéral de la décision publique. Son adoption s’entoure encore d’un environnement de plus en plus foisonnant, au travers des mécanismes d’évaluation ex-ante ou ex-post (études d’impact, procédures d’évaluation, indicateurs statistiques…) qui influent autant sur la teneur que sur les finalités de la décision publique (performance, efficacité, rationalité…), les impératifs de justice et de juridicité semblant se diluer. Dans ce sillage, la fabrique de la décision publique semble encore se détacher de l’exercice de la souveraineté, en s’automatisant, celle-ci n’étant dans certains cas que la résultante d’un agglomérat de données mises en suite logique par une série d’algorithmes.
D’un point de vue matériel et formel, enfin, si la numérisation de la prise de décision publique (et de la décision elle-même) semble constituer l’un des marqueurs d’évolution le plus saisissant, il n’épuise pas le sujet, à mesure notamment que les personnes publiques délaissent l’instrument unilatéral pour privilégier la voie contractuelle. Celle-ci semble en effet parée de toutes les vertus (adaptabilité, efficacité, sécurité juridique ; responsabilisation des acteurs ; individualisation de la norme), le « contractualisme » gagnant du terrain dans des domaines autrefois rétifs à l’instrumentum (fiscalité, justice, relations entre personnes publiques…). Si le mouvement n’est pas avare de faux-semblant, il contribue là encore à renforcer l’idée d’une décision publique de plus en plus régulièrement « négociée » où la relation inégalitaire entre l’État (lato sensu) et les administrés s’effrite, le mouvement apparaissant au creuset de tendances diverses : externalisation, banalisation, privatisation de la décision publique.
Sous-axes :
Elles invitent, en regard, à analyser le statut et les pratiques des stratégies de « légitimation » de la décision publique (recours aux « experts » et création de conseils ad hoc, formes des discours accompagnant l’action publique, etc.) qui pourraient être présentées, par hypothèse, comme des techniques de contournement, d’évitement, voire de remplacement des contraintes traditionnelles posées par les critères de la prise de décision « légitime ».
Ces phénomènes dépassant le strict cadre français, l’analyse comparée pourra substantiellement venir les informer.
D’un point de vue organique, la décision publique apparaît de plus en plus comme le fruit d’un processus atomisé entre plusieurs acteurs agissant dans un cadre étatique, infra-étatique ou supra-étatique, institutionnalisés ou non (représentants d’intérêts, cabinets de conseil, agences, etc.). Cette atomisation peut générer une forme de contournement ou de captation, par certains, de la prise de décision publique, celle-ci s’écartant tout à la fois de la représentation nationale et de l’habilitation légale, surtout quand elle est confiée à des acteurs privés (externalisation de l’écriture de la loi). À rebours de ce premier constat et, peut-être, pour mieux le compenser, la participation croissante du public à son élaboration constitue un autre marqueur palpable, la recherche de la co-construction de la décision par les citoyens-administrés apparaissant comme le gage contemporain de son acceptabilité.
Cet enchevêtrement des acteurs génère mécaniquement des mutations procédurales. Il en va de celles ayant trait à la démocratie participative (enquêtes publiques, débats publics, crowdsourcing…), qui se développent, de manière sectorielle, dans la sphère du droit de l’environnement ou au niveau local (budget « participatif »…) et dans le champ du droit administratif général. Outre les questionnements sur l’efficacité de ces procédés, l’horizontalisation des relations qu’ils présupposent n’altère pas nécessairement le caractère unilatéral de la décision publique. Son adoption s’entoure encore d’un environnement de plus en plus foisonnant, au travers des mécanismes d’évaluation ex-ante ou ex-post (études d’impact, procédures d’évaluation, indicateurs statistiques…) qui influent autant sur la teneur que sur les finalités de la décision publique (performance, efficacité, rationalité…), les impératifs de justice et de juridicité semblant se diluer. Dans ce sillage, la fabrique de la décision publique semble encore se détacher de l’exercice de la souveraineté, en s’automatisant, celle-ci n’étant dans certains cas que la résultante d’un agglomérat de données mises en suite logique par une série d’algorithmes.
D’un point de vue matériel et formel, enfin, si la numérisation de la prise de décision publique (et de la décision elle-même) semble constituer l’un des marqueurs d’évolution le plus saisissant, il n’épuise pas le sujet, à mesure notamment que les personnes publiques délaissent l’instrument unilatéral pour privilégier la voie contractuelle. Celle-ci semble en effet parée de toutes les vertus (adaptabilité, efficacité, sécurité juridique ; responsabilisation des acteurs ; individualisation de la norme), le « contractualisme » gagnant du terrain dans des domaines autrefois rétifs à l’instrumentum (fiscalité, justice, relations entre personnes publiques…). Si le mouvement n’est pas avare de faux-semblant, il contribue là encore à renforcer l’idée d’une décision publique de plus en plus régulièrement « négociée » où la relation inégalitaire entre l’État (lato sensu) et les administrés s’effrite, le mouvement apparaissant au creuset de tendances diverses : externalisation, banalisation, privatisation de la décision publique.
Sous-axes :
- 1/ La fabrique institutionnelle de la décision publique
- 2/ Éthique de la décision publique et déontologie des responsables publics
- 3/ La légitimation de la décision publique
Elles invitent, en regard, à analyser le statut et les pratiques des stratégies de « légitimation » de la décision publique (recours aux « experts » et création de conseils ad hoc, formes des discours accompagnant l’action publique, etc.) qui pourraient être présentées, par hypothèse, comme des techniques de contournement, d’évitement, voire de remplacement des contraintes traditionnelles posées par les critères de la prise de décision « légitime ».
Ces phénomènes dépassant le strict cadre français, l’analyse comparée pourra substantiellement venir les informer.